» Le rêve se terminait par ces mots : Où part l’amour… Peut-être : Où parle amour… La voix était lointaine, mais l’intonation ne laissait aucun doute : c’était une phrase inachevée, pas une question. J’entends encore les points de suspension comme s’ils m’invitaient à les suivre, à chercher là où cet amour a serait parti, à qui il parlerait encore. Seule la voix du rêve savait.
En me réveillant, je doutais même que cet amour ait jamais existé. Il n’y avait aucun lieu où je puisse aller et me dire : c’est ici que tout a commencé, ou que tout a fini.
La phrase inachevée était la seule rescapée d’une histoire que le rêve avait laissée à la nuit, l’histoire d’une femme qui aimait une image, l’image d’un homme. Aucune image ne peut aimer en retour : c’est une illusion, un mirage.
À pas prudents, tel Poucet à la recherche de ses cailloux blancs, j’ai suivi les points de suspension, retrouvé peu à peu le fil du rêve, posé le point final à cette histoire sans début ni fin.
Maintenant je voudrais ne plus être là. Non pas morte, mais absente. Que personne ne puisse me dire : cette histoire ne te ressemble pas. C’est la mienne, même si je ne m’y reconnais pas. »
Où part l’amour, roman, Maelström Editions, 2020
Contact : librairiewb@gmail.com (Librairie Wallonie Bruxelles à Paris) ou maelstrom414@maelstromreevolution.org (Editions Maelström à Bruxelles)
