Depuis la rue, on aperçoit dans la vitrine de la galerie un globe en verre qui servait dans les années 1930 à protéger les « corbeilles de mariée », ensembles de fleurs séchées ou en cire que l’on offrait autrefois en cadeau de mariage. L’exposition de l’artiste slovaque Lucia Tallova à la galerie Paris-Beijing, rue de Turbigo, est miraculeusement ouverte. J’entre sur la pointe des pieds, comme dans un lieu sacré. Il y a si longtemps qu’il n’y a pas eu d’exposition dans la ville.
L’artiste a déposé ici des photographies anciennes, peut-être ses propres photos de famille transformées, transfigurées. Cabinet de curiosités ou album de famille inventé ? Le regard d’une femme sur une photo en sépia apparaît tout en haut du globe. Est-ce la mariée à qui appartenait la corbeille ? Quel sens gardent nos souvenirs quand nous ne sommes plus là pour les raconter ?
Journal d’images, Paris, mars 2021, Chantal Deltenre



