« A toi appartient le regard et à toi appartient la liaison infinie entre les choses ». Cette citation, découverte aujourd’hui en exergue d’une exposition au Musée du Quai Branly, me bouleverse. Elle résume le propos du Journal d’images où chaque regard est invité à faire le lien entre les images.
La citation appartient à l’écrivain allemand August Ludwig Hülsen (1765-1809) qui décrit en ces termes, dans « La lettre de Humboldt, du jardin paysager au daguerréotype » (Editions Christian Bourgois, 1989), son expérience visuelle des chutes du Rhin lors d’un voyage en Suisse. Il souligne la capacité de l’œil à recomposer une unité dans un paysage étranger jusque là perçu par fragments.
L’exposition du Quai Branly rassemble une trentaine d’artistes s’exprimant par la photographie, la vidéo et diverses installations d’images. Entre les imaginaires à première vue disparates, le regard des visiteurs tisse des liens singuliers. Un regard n’est jamais aussi attentif que lorsqu’il peut inventer des connexions entre images. Les expositions ont trop souvent la prétention de guider le regard, comme s’il ne pouvait cheminer lui-même, de l’image aux échos multiples qu’elle suscite…
Journal d’images 2020, Ch. Deltenre
