Les statues au jardin des Tuileries ont été emballées dans du plastique blanc. Pareilles à des fantômes, elles semblent prêts à quitter leur piédestal et s’en aller hanter les alentours du Louvre ou les berges de la Seine. Sous l’emballage, on devine les visages, les bras tendus, leurs pieds impatients. Face aux fantômes, les promeneurs sont perplexes, vaguement inquiets. Ici et là, on déboulonne les monuments de grands personnages coupables d’avoir trempé dans la trouble histoire des colonies et des génocides. Mais qui pourrait en vouloir au bon samaritain, à Caïn venant de tuer son frère Abel, à Périclès distribuant des fleurs aux artistes ou encore à cette allégorie de circonstance appelée « L’homme et sa misère » ? Le gardien dit : « Il faut les nettoyer de temps en temps… » Toutes en même temps ? Paris, été 2020, ChD