L’obscurité n’est jamais totale entre les stations de RER. Lumières indistinctes, étincelles produites par le frottement de la rame contre les rails, reflets des voyageurs serrés les uns contre les autres sur la plateforme. Saisir au vol ces clartés qui filent à la vitesse du train. Je les photographie, je les écris pour être sûre de ne pas être dans le noir complet, être sûre que le tunnel a une fin, que les passagers à la fois séparés et ligotés autour de moi finiront par se délier, s’éparpiller, me laisser un peu d’air libre, un peu d’air gris de la banlieue de Paris. Le ciel enfin, un lourd nuage posé sur les caténaires. Il se soulève, un liseré d’or autour de lui. Le soleil se lève. Le soleil que je t’écris d’ici, depuis l’espace de la fenêtre, et que tu verras peut-être, si tu me lis ce matin, ou demain…
RER Paris-Cergy, 4 décembre 2017
Journal d’images – Chantal Deltenre