Sur la scène dépouillée du théâtre des Bouffes du Nord, Denis Podalydès en jeans et t-shirt, pieds nus dans ses mocassins beiges, lit « Avignon à vie » de Pascal Rambert.
C’est un dimanche après-midi de grand soleil, le public est clairsemé. Tenant d’une main le livre et de l’autre, mimant avec discrétion un rythme qui pourrait être celui d’un train glissant tranquille sur les rails, Podalydès exprime avec réserve cette déclaration d’amour au festival d’Avignon.
Assise au premier rang, je suis transportée dans l’ancien train aux rideaux plissés qui gagnait lentement le sud et la foule patiente, attentive et passionnée des festivaliers. Ma gorge se serre au fur et à mesure que le comédien, de sa voix posée et sans fioritures, dit cet amour du théâtre qui m’habite aussi.
Et je ressens à nouveau cette certitude que la vie n’est nulle part ailleurs plus intense que sur la scène dépouillée d’un théâtre où résonne la voix d’un comédien.
Journal d’images 2015 – Chantal Deltenre